Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/331

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Le romantisme nous a débarrassés des fétiches qui ne nous permettaient pas de la voir, de la comprendre et de l’aimer pour elle-même. Ce que nous voulons apprendre aujourd’hui à nos enfants, c’est que la grâce est dans l’arbre et non dans l’hamadryade qui l’habitait jadis ; c’est que l’eau est aussi belle sur le roc que dans le marbre ; c’est que l’affreux rocher lui-même a sa physionomie, sa couleur, sa plante chérie dont les enroulements lui font une tenture merveilleuse ; c’est que les rocailles n’ont pas besoin de symétrie et de revêtement de coquilles : il ne s’agit que d’imiter, avec une habileté amoureuse du vrai, leurs dispositions naturelles et leurs poses monumentales, aisées ou fantasques. Plus tard, si nos enfants voient comment la vraie nature procède, ils ne la goûteront que mieux, et ils se rappelleront les rocailles de Longchamps, de Monceaux et des buttes Chaumont comme on se rappelle avec plaisir et tendresse la petite plante grêle que l’on a cultivée sur sa fenêtre, et que l’on voit, puissante et grandiose, s’épanouir dans sa patrie.