Page:Sand - La Daniella 1.djvu/143

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volcaniques s’élevant de quelques pieds an-dessus du sol, ayant chacun sa cheminée principale et ses bouches adjacentes, plusieurs millions d’Etnas en miniature. Au premier abord, cela ressemble à une végétation étrange, pétrifiée sur pied. Et puis cela vous apparaît comme un liquide en fusion qui se serait candi tout à coup au milieu d’une ébullition violente. Autour de ce champ de cratères, et sur les bords de ces flaques d’eau sédimenteuses que l’on nomme des lacs, s’étendent des haies d’autres cristallisations incompréhensibles, que l’on dit être des plantes pétrifiées ; mais je n’en suis pas sûr, et je crois voir là, comme dans les cônes voisins, les caprices du bouillonnement refroidi d’un volcan de boue et de soufre.

Je parcourais tout cela avec beaucoup de curiosité, me hâtant de casser quelques échantillons, lorsque je vis recommencer les larmes de Medora. Sa tante la gronda un peu et se dépêcha de la ramener à la voiture. Lord B*** me dit :

— Venez ! nous reviendrons ici tous les deux, si cet endroit vous intéresse. En ce moment, vous voyez que ma chère nièce a un accès de folie.

— Vraiment ! m’écriai-je consterné, cette belle personne est sujette… ?

— Non, non, reprit en riant lord B***, elle n’est pas aliénée ; elle n’est que folle à la manière de ma femme, qui prend cela au sérieux, et vous savez bien la cause de toutes ces bizarreries.

— Moi ? Je ne sais rien, je vous le jure !

— Vous n’en savez rien ? dit lord B*** en m’arrêtant et en me regardant fixement ; vous en donneriez votre parole d’honneur ?

— Je vous la donne ! répondis-je avec la plus parfaite simplicité.

— Tiens ! c’est singulier, reprit-il. Eh bien, nous repar-