Page:Sand - La Daniella 1.djvu/149

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d’art que précisément je n’étais nullement disposé à critiquer, elle les lança à travers le bois avec une gaieté de Sardanapale.

— Voilà un étonnant coup de tête ! lui dis-je en quittant son bras sans galanterie pour aller ramasser ces précieux objets. Vous permettrez qu’en qualité d’artiste, je vous reproche ce mépris pour de si beaux ouvrages.

Je retrouvai les bijoux, non sans peine, et, quand je les lui rapportai :

— Gardez-les, me dit-elle avec colère : je n’en veux plus.

— Et pour qui diable les garderais-je ?

— Pour qui vous voudrez ; pour la Daniella ! quand elle sera ornée et parée, elle commencera à vous déplaire autant que moi.

— Je les lui remettrai ce soir, pour qu’elle les replace dans votre écrin, répondis-je en mettant les bijoux dans ma poche.

— Ah ! vous êtes cruel ! Vous n’avez pas une réponse qui ne soit de glace !

Et, me quittant brusquement, elle reprit sa course en avant de la voiture, me laissant là assez stupidement ébahi de sa véhémence.

Que se passait-il donc dans cette étrange cervelle de jeune fille ? Voilà le problème que je ne pouvais, que je ne peux pas encore résoudre. Quand la voiture la rejoignit elle était calme et enjouée. Ses émotions s’apaisent vite. Elles viennent et s’en vont comme des mouches qui volent.