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néraires qui prétendent que ces lieux ont perdu leur principal intérêt, ils sont encore une des plus ravissantes merveilles de la terre[1].

Je vous ai parlé d’un puits de verdure ; c’est ce bocage, d’environ un mille de tour à son sommet, que l’on a arrangé dans l’entonnoir d’un ancien cratère. L’abîme est donc tapissé de plantations vigoureuses, bien libres et bien sauvages, descendant sur des flancs de montagne presque à pic, au moyen des zigzags d’un sentier doux aux pieds, tout bordé d’herbes et de fleurs rustiques, soutenu par les terrasses naturelles du roc pittoresque, et se dégageant à chaque instant des bosquets qui l’ombragent pour vous laisser regarder le torrent sous vos pieds, le rocher perpendiculaire à votre droite et le joli temple de la Sybille au-dessus de votre tête. C’est à la fois d’une grâce et d’une majesté, d’une âpreté et d’une fraîcheur qui résument bien les caractères de la nature italienne. Il me semble qu’il n’y a ici rien d’austère et de terrible qui ne soit tout à coup tempéré ou dissimulé par des voluptés souriantes.

Quand on a descendu environ les deux tiers du sentier, il vous conduit à l’entrée d’une grotte latérale complètement inaperçue jusque-là. Cette grotte est un couloir, une galerie naturelle que le torrent a rencontrée dans la roche, et qui semble avoir été une des bouches du cratère dont le puits de

  1. Un itinéraire sans défauts, c’est la pierre philosophale, et il faut dire aux personnes éprises de voyages que l’exactitude absolue des renseignements sur les localités intéressantes est absolument impossible. Ces ouvrages se font généralement à coups de ciseaux, vu que le rédacteur ne peut aller partout lui-même. Il le ferait en vain. L’aspect des lieux change d’une année à l’autre. J’ai sous les yeux une relation qui déplore l’écroulement complet et la complète sécheresse des grottes de Tivoli, que je viens de voir telles que les décrit Jean Valreg. Parmi les meilleurs guides, je recommande ceux de MM. Adolphe Jonanne et À.-J. Dupays, en Suisse et en Italie. Ce sont de véritables manuels d’art et de savoir encyclopédique, sont une forme excellente.