Page:Sand - La Daniella 1.djvu/193

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forestieri ; mais je ne le lui conseille pas : vous autres étrangers, vous êtes tous maniaques, bizarres !

— Merci ; après ?

— Après, après ! Vous savez bien que vous avez dit à ma nièce qu’elle était plus jolie que sa maîtresse. Depuis ce moment-là, la signorina n’a plus voulu la supporter ; elle l’a tourmentée, chagrinée, offensée. La petite a répondu deux ou trois paroles un peu vives, et, pendant que vous étiez encore malade, on l’a renvoyée. Allons, il n’y a pas grand mal ; on lui a fait un beau cadeau, et elle pourra bien se marier ici avec qui elle voudra. On est toujours mieux dans son pays que sur les chemins ; et, si vous l’aimez, ma nièce, si elle vous plaît, et que vous souhaitiez rester chez nous, il ne tient qu’à vous d’être son mari. Vous êtes peintre, vous trouverez de l’ouvrage dans les villas. Justement, la princesse Borghèse veut faire réparer Mondragone. Vous ferez de la fresque et vous gagnerez bien de quoi élever vos enfants.

— Ainsi, répondis-je, émerveillé du plan rapide de la Mariuccia, vous avez arrangé tout cela en famille, avec la vieille femme, le capucin et… la Daniella ?

— La Daniella ne dit rien du tout ; on ne sait pas si elle vous aime ; mais…

— Mais vous le pensez, puisque vous me mariez avec elle ?

— Eh ! qui sait ?

Le chi lo de la Mariuccia est son grand et dernier argument. Elle le dit si souvent à tout propos, que j’ai déjà compris que cela signifiait en certaines occasions : Laissez-moi faire, et en certaines autres : Je n’y tiens pas.

— Cette fois, l’accent était problématique, et je dus insister pour savoir si j’étais tombé dans une de ces intrigues dont Brumières et Tartaglia m’avaient signalé les fâcheuses con-