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XXII


8 avril. — Frascati.

Il a fait aujourd’hui un temps délicieux, clair et presque chaud. C’était bien le cas de faire enfin, hors des villas, une belle promenade à ma guise, et pourtant je n’en avais nulle envie. Après mon déjeuner, je suis remonté à mon grenier. Grenier est le mot, car je suis de plain-pied avec celui de la maison, et il faut même que je le traverse pour arriver à mon logement ; cela me fait une situation isolée qui ne me déplaît pas.

La Mariuccia est arrivée pour faire mon ménage, et m’a poussé dehors pour balayer. Je me tenais dans le grenier ; elle m’a grondé parce que j’y fumais mon cigare et risquais, selon elle, d’y mettre le feu.

— Est-ce que vous n’allez pas courir aujourd’hui ? Il n’a pas fait si beau depuis un mois !

Et, comme je trouvais des prétextes pour ne pas sortir :

— Eh bien ! a-t-elle ajouté, vous n’aurez pas besoin de moi, et, si vous restez, je vous confierai la garde de la maison.

— Vous allez donc sortir, Mariuccia ?

— Eh ! n’est-ce pas aujourd’hui le jeudi saint ? Il faut que je m’occupe de mes dévotions.

— Dites-moi à qui je dois ouvrir si l’on sonne.

— Personne ne sonnera.

— Pas même la Daniella ?

— Elle moins que tout autre.

— Pourquoi ça ?

— Parce qu’elle a fait un vœu hier, en sortant du sermon. Oh ! le beau sermon ! Jamais je n’ai entendu mieux prêcher !