Page:Sand - La Daniella 1.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mariuccia des affaires de la maison et de la propriété Piccolomini, de la taille des oliviers ou de la vigne, de la lessive, de l’emmagasinement des pois, du sermon de fra Sinforiano, et, par occasion, de la profanation de la madone. J’entendais les conversations établies sur le perron, et il me sembla que plusieurs de ces personnages étaient plus curieux que de raison. La Mariuccia m’avait dit : « Dans notre pays, on ne sait jamais qui est espion ou qui ne l’est pas.» J’admirai l’adresse et le sang-froid des réponses de la bonne fille, et j’entendis même qu’elle me faisait passer pour malade depuis la veille.

— Le pauvre enfant, disait-elle, a eu la fièvre cette nuit, et je l’ai veillé, sans le quitter, jusqu’au jour.

Mon alibi ainsi constaté, les questionneurs se retiraient plus ou moins persuadés.

Enfin, la Mariuccia vint m’annoncer qu’elle allait visiter les chapelles du saint-sépulcre, et qu’elle me priait de n’ouvrir à personne, pas même à sa nièce, si je la voyais paraître à la grille.

— Oh ! pour cela, je ne vous le promets pas du tout, lui dis-je.

— Il faut me le promettre, reprit-elle. La Daniella a une clef, et, si elle veut venir, elle viendra sans que vous tiriez la corde de ma fenêtre. Dans votre impatience, il ne faut pas vous montrer à ceux qui pourraient passer devant la grille dans ce moment-là.

Quand la Mariuccia fut sortie, je descendis au jardin, malgré la pluie, pour examiner le local sous un rapport que je n’avais pas encore songé à constater, à savoir si on pouvait y entretenir une intrigue avec mystère et sécurité. Je vis que cela était impossible, à moins que les gens de la maison, c’est-à-dire la Mariuccia, la vieille Rosa, et les quatre ouvriers employés au jardin et aux terres adjacentes fussent dans la