Page:Sand - La Daniella 1.djvu/339

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individu caché sous le costume de cet ordre, il ne m’a même pas paru examiner le palais. Le plus souvent, il me tournait le dos et semblait contempler le paysage immense que domine la terrasse. Mais peut-être observait-il avec l’oreille, et moi, instinctivement, malgré la hauteur d’où je plongeais sur lui, je retenais ma respiration. J’ai demandé à Daniella si elle l’avait quelquefois rencontré dans les environs. Elle m’a dit ne connaître et n’avoir jamais remarqué aucun dominicain en particulier dans les environs.

Je suis environné ici d’êtres beaucoup moins inquiétants que ce moine. Ce sont de petits serpents qui ont des pattes, mais si peu de pattes que je ne puis me décider à les ranger parmi les lézards. Ils courraient mal avec ces rudiments de jambes, s’ils ne rampaient en même temps avec beaucoup de prestesse et de grâce. Ce sont de charmants petits animaux tout à fait inoffensifs. J’avais fait connaissance avec eux le jour où j’ai été à Tusculum ; le berger Onofrio m’avait appris à les toucher sans crainte. J’ai eu la tentation d’essayer d’en apprivoiser un qui me semblait d’un naturel moins poltron que les autres ; mais Daniella, voyant mon goût pour les bêtes, m’en a amené une plus aimable et plus utile. C’est une belle chèvre blanche qui me donne d’excellent lait et qui me tient compagnie en broutant à mes côtés pendant que je dessine. Je la soigne comme une personne ; et elle paraît se plaire ici, où elle entre jusqu’au ventre dans l’herbe et les fleurs. J’ai, en outre, quatre lapins domestiques dans le parterre, et il est question de m’apporter des oiseaux en cage. Il ne faut pas songer à un chien, cela aboie ; ni à des poules, leur voix nous attirerait des amateurs qui monteraient à l’assaut pour les voler.

Les scorpions abondent. Dès qu’on soulève une pierre, on en trouve un ou deux, blottis et engourdis dessous. Ils ne sont pas dangereux en ce temps-ci, et on peut les tuer par