Page:Sand - La Daniella 1.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous. Ils voulaient un paul et demi par tête, et lui, voulait partager seulement par moitié avec eux. On se querella beaucoup ; notre homme se piqua, garda le tout, et nous fûmes visités.

Comme nous sortions enfin de ce purgatoire, riant, à force de dégoût, de toutes ces bouffonneries, et nous disposant à chercher un gîte, lord B***, qui, muni d’un laisser-passer, avait disparu depuis longtemps, me frappa amicalement sur l’épaule en me disant :

— Je viens de faire ma déclaration relativement à nos brigands, et de conduire ma femme et ma nièce au logement qui les attendait. À présent, je viens vous chercher de leur part. Est-ce que vous avez ici des parents ou des amis qui vous réclament ?

Je ne songeai pas à mentir ; mais je remis au lendemain ma visite à ces dames, pour cause de faim et de fatigue.

— Oh ! si vous avez faim et sommeil, reprit-il, vous n’irez pas à l’hôtel, où, quel qu’il soit, vous serez mal. Nous avons une bonne chambre pour vous au palais ***, et nous vous attendons pour manger avec nous un bon souper.

Toutes mes excuses furent vaines.

— Je ne rentrerai pas sans vous, me dit-il, et ces dames ne souperont pas tant que nous ne serons pas rentrés.

Je donnai pour prétexte que je ne voulais pas laisser seul mon ami Brumières.

— Qu’à cela ne tienne ! votre ami viendra aussi, dit lord B***.

Brumières ne se le fit pas répéter. Nous voilà aussitôt en route, à pied, dans les rues de Rome, suivis de facchini portant nos malles, et de Benvenuto, qui se regardait comme invité aussi.

Le palais en question me parut bien loin. J’aurais préféré la plus modeste auberge sous la main. C’est une maison