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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

seoir en compagnie, maniait les plus durs outils, et enlevait les plus lourdes charges avec autant d’aisance qu’Octave maniait ses chevaux et ses armes. Madame de Sévigny, qu’en plusieurs endroits périlleux de la promenade il dut enlever ou recevoir dans ses bras, était pour lui comme une plume, et, quand elle s’élançait sur lui en tremblant, il semblait que, debout, il eût pris racine sur le bord du précipice.

Les circonstances les plus simples, les plus matérielles, si l’on peut ainsi parler, prennent quelquefois une importance singulière dans les relations, et semblent dominer, de toute l’énergie du fait naturel, les subtilités de la pensée et les délicatesses du sentiment. Hortense, arrivée au sommet de l’escarpement, n’était plus ce qu’elle était une demi-heure auparavant, en descendant de sa voiture. Ce n’était plus la femme exquise, forte de ses idées, de ses habitudes, de ses instincts. C’était une bonne petite fille qui avait eu bien peur, et qui, pour un peu, eût embrassé son cousin, comme un cher papa qui l’avait portée et sauvée. Elle avait chaud, elle était