Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/182

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lasse. Elle jeta son chapeau de paille sur l’herbe, et s’y jeta elle-même, à l’ombre de la petite chapelle, en riant de sa fatigue et en criant qu’elle donnerait un royaume pour un verre d’eau fraîche.

Labrêche voulut courir à la source voisine ; le chevalier l’en empêcha. C’était trop tôt, madame de Sévigny avait trop chaud pour boire cette eau glacée, et il ne fallait pas emporter le châle au moment où elle en avait le plus grand besoin. Et, comme Hortense se révoltait contre ces deux prescriptions, l’homme de campagne l’enveloppa du cachemire avec un sentiment d’autorité paternelle qui la pénétra comme d’un fluide pur et puissant. Il demanda à Labrêche s’il avait apporté un verre, et, comme c’était la première chose à laquelle ce grand esprit n’eût point du tout pensé, il prit dans sa poche une tasse pliante en cuir verni qu’il courut laver et remplir ; puis il la laissa un peu s’échauffer au soleil avant de la présenter à sa cousine. Quelques instants après, il lui permit de regarder avec envie les cerises qui brillaient comme des perles noires sur un cerisier sauvage. Labrêche s’empressa de chercher sur