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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

ment pour l’esprit sage qui va droit. La société, quelque bien réglée qu’elle puisse être, quand elle aura atteint le milieu ou la fin du siècle où nous entrons, sera encore un champ clos pour la lutte des intelligences, et, dans mille ans comme aujourd’hui, les meilleurs soutiens et les meilleurs conseils d’un jeune homme seront une bonne mère et un père actif et sage. Or, je vous le demande, est-il probable que ce jeune homme gagnera sous une tutelle étrangère ? Si mon voisin le percepteur veut faire de son fils un musicien ou un peintre, de quel secours lui sera-t-il dans une carrière où il n’a aucune relation établie, aucune confraternité à invoquer ? Au lieu de le lancer dans ce monde inconnu où l’abandon, les obstacles et les dégoûts risquent de l’écraser dès les premiers pas, ne ferait-il pas mieux de lui enseigner à aligner des chiffres et de le rendre propre à lui succéder dans l’administration où il pourra surveiller ses débuts, redresser ses premières erreurs, et lui assurer l’appui et le bon vouloir des fonctionnaires dont lui-même a conquis l’estime au prix de tant d’épreuves et de persévérance ? Eh quoi ! le travail