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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

bilité sur cette pente inconnue, je serai bien inquiet, bien effrayé, bien à plaindre ! Voilà pourquoi, bonne cousine, je vous ai refusé ma fille.

— Oui, je le comprends, répondit Hortense, frappée du grand sens de M. de Germandre, et je n’ose plus vous la demander ; mais il me reste, de tout ce que vous venez de me dire de bon et de vrai, une tristesse profonde que je ne peux ni vaincre ni expliquer.

— Je vous l’expliquerai, moi, repartit l’homme de campagne avec une vive sagacité ; vous vous dites intérieurement que je suis moi-même un exemple malheureux de la fatalité du déclassement. Vous savez bien que je n’ai pas choisi ma destinée ; mais vous croyez qu’en retournant à la condition des oisifs, mes enfants reprendraient leur véritable place dans le monde. N’est-ce pas, cousine, c’est cela que vous pensez ?

— Précisément, mon cher cousin !

Hortense, sans y songer, prononça ce mot de cher cousin avec tant de douceur et de suavité, que le chevalier, ému, perdit le calme nécessaire à son rai-