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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

homme meilleur, plus instruit, plus cloquent, plus naïf, plus pur et plus honorable ? Qui donc m’en blâmerait ? et qui m’empêcherait d’être sa femme ? Elle pensa à sa mère, qu’un pareil choix mettrait au désespoir, et elle eut raison d’y penser ; mais elle pensa aussi à Octave, qui l’accablerait de son ironie, et elle eut tort de faire entrer la crainte du ridicule dans ses appréhensions.

Elle souffrit amèrement de cette perplexité et rentra au manoir de Germandre sans avoir pris aucune résolution.

— Je suis lâche, se disait-elle, et pourtant j’aime, je le sens bien, quoique ce soit pour la première fois de ma vie. Oh ! mais c’est une angoisse ! c’est un supplice ! et il y a de quoi mourir !

— Qu’avez-vous donc ? lui dit la baronne en la voyant pâlir au moment de se mettre à table.

— Le soleil m’a brûlé la tête, répondit la jeune femme, qui sentait la sueur se glacer à la racine de ses cheveux.

— Quel soleil ? s’écria la baronne alarmée ; comment s’appelle-t-il ? qu’est-ce qu’il vous a dit ?