Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/210

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Mais sa fille ne pouvait lui répondre ; elle eut une défaillance et il fallut l’emporter dans sa chambre.

Heureusement, Octave n’était pas là. Il avait fait trois ou quatre lieues à l’heure sur son léger andalou, élégante et solide bête à la croupe avalée et au nez busqué, type qui ne serait guère de mode aujourd’hui, mais qui plaisait alors comme un trophée de victoire. À cette époque-là, un officier français se fût déshonoré s’il eût trotté en s’enlevant sur ses étriers. Il laissait à quelques pékins anglomanes du bois de Boulogne cette façon disgracieuse mais commode de couper l’allure allongée du cheval anglais. Nos jolies races indigènes n’étaient pas encore effacées par le type banal qui a tout envahi depuis ; mais l’espagnol était en grande vogue, et le suprême bon genre militaire était un cheval entier navarin ou andalou, d’un noir luisant, souple au galop comme un arc, et un peu encapuchonné, c’est-à-dire attirant le mors jusque sur sa poitrine d’ébène, qu’il baignait d’une blanche écume.

Où courait ainsi notre brillant capitaine ? Le savait-il lui-même ? Il avait bien cédé à la fantaisie