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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

nante ? Vous tranchez les questions de cœur les plus délicates avec la foi et la persuasion d’une femme qui connaîtrait l’amour vrai ; et pourtant… vous n’avez jamais aimé personne ! n’est-il pas vrai, ma respectable tante ?

— Ma foi, non, répondit Corisande ingénument. Je vous ai dit la chose hier. Ne me voulant point établir, j’ai aimé mon frère et son petit monde ; c’est bien le tout. Mais est-ce que ça ne suffit pas pour savoir ce que c’est que d’aimer ?

— Cela devrait suffire, cela suffit peut-être aux âmes pures et dévouées ! Mais je ne suis pas si bon que vous, ma chère amie ; j’ai à peine connu mes parents, j’ai eu peu de vrais amis, je n’ai encore aimé réellement personne.

— Pauvre cousin ! je vous plains ! répondit Corisande avec une naïve commisération ; mais nous voilà rendus. Asseyez-vous, je vas vitement vous faire une omelette.

— Vous-même ?

— Et qui donc vous la ferait ? Ça n’est pas la Margot, je pense !