Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

innovation qui avait semblé un peu hardie à ses voisins, le chevalier avait réservé devant sa porte une enceinte treillagée que les animaux domestiques ne franchissaient pas, et qui empêchait les poules d’entrer dans sa chambre. Un berceau de clématite l’ombrageait, et le sol était sablé. Une recherche si extraordinaire avait frappé de surprise les gens du hameau, et, bien que le chevalier eût tout disposé et tout fabriqué lui-même, sans aucune dépense, bien qu’il dormît sous le chaume et qu’il fît asseoir avec lui à sa table tous les paysans qui venaient le voir aux heures des repas, on disait toujours le château, en parlant de sa chaumière, on lui donnait toujours du monsieur de, en lui parlant, et on n’entrait jamais chez lui sans essuyer ses chaussures à la porte.

Tout cela n’était pas un respect servile des choses du passé, c’était une déférence instinctive pour la dignité du caractère. Le chevalier était estimé et d’autant moins discuté qu’il était un des plus pauvres de la paroisse. Tous avaient gagné à la vente des biens nationaux. Lui seul n’avait pas eu le moyen d’arrondir son petit domaine. Et pourtant il était le