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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

— Oh ! souciez-vous de moi, je ne demande pas mieux, dit Corisande en souriant avec simplicité ; vous aurez mon estime très-grande.

— Rien que votre estime ? L’amitié que vous venez de me retirer ne reviendra pas ?

— Elle est toute revenue si vous voulez aimer mon frère comme je l’aime.

— Savez-vous que j’en deviens jaloux, de votre frère ? Vous ne pensez qu’à lui, vous ne vivez que pour lui ! Cette amitié-là est si grande, qu’elle finira par endurcir votre âme à tout le reste, et voilà que je me mets à le détester de plus belle, ce rival qui m’enlève ou me ferme tous les cœurs !

Corisande vit clairement, au ton et à la physionomie d’Octave, que le fantasque jeune homme se remettait à lui faire la cour. Elle fut blessée de cette gageure méchante et puérile qui avait la vie ou le bonheur de son frère pour enjeu.

— Tenez ! lui dit-elle en se levant et en lui frappant sur le cœur avec une rusticité toute maternelle, vous n’avez point de ça, pauvre garçon ! l’esprit vous rendra bête et l’ennui vous tuera. M’est avis