Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/254

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gna ; une tristesse ironique et morne, plus pénible que la colère contre lui-même.

— Ceci ressemble, pensait-il, à l’étang magique où Mélusine se changeait en poisson tous les vendredis. On ne serait pas étonné d’y entendre le chant de la sirène et de découvrir qu’on y est retenu, comme on y a été attiré, par un charme funeste… Vraiment, pensait-il encore, tout ici suinte la pensée du suicide. En se laissant aller à un peu de vertige, on serait vite mort et enterré ; ces méchantes herbes ne vous permettraient pas de vous raviser, et rien ne servirait d’être beau nageur. Elles vous garderaient dans leurs mailles gluantes, et nul ne saurait peut-être jamais quelle fantaisie vous a pris de disparaître… On dirait de moi : « Il a déserté son drapeau pour cause de royalisme, » ou : « Il s’est battu avec le chevalier de Germandre pour les beaux yeux de madame de Sévigny, et le campagnard a bel et bien embroché l’enragé duelliste. » Beaucoup de gens ajouteraient que c’est fort bien fait. Qui me pleurerait ? Personne ! Mon cheval peut-être ! Mais il ne se laisserait pas mourir de faim. À qui suis-je néces-