Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/272

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moi-même. Ce n’est pas du tout pour parler d’Hortense que j’étais venu ici, c’était pour revoir votre sœur et pour effacer la mauvaise impression que je lui avais laissée ; et, quand elle m’a reproché mes défauts, ce n’est pas la confiance d’Hortense, c’est l’estime de Corisande que j’ai pleurée jusqu’à en avoir le cœur brisé… Vous dirai-je tout ? Oui, je veux tout vous dire ! Quand vous êtes venu me chercher tout à l’heure, j’avais la tête perdue et ma vie ne tenait qu’à un fil. — Ce n’est pas de la passion, non ; je ne sais pas aimer, et il est probable que la femme qui m’appartiendra ne sera point heureuse. J’ai trop souffert pour être bon. Il faut donc que j’oublie Corisande et que je la félicite en moi-même du peu de cas qu’elle fait de moi ; mais il est bien certain qu’elle m’a révélé un côté de moi-même qui vaut mieux que je ne pensais. Une femme comme elle, si sage, si douce, si dévouée et si ferme eût pu faire le miracle de me guérir. Mais je ne peux pas aspirer à elle. Je ne possède rien, je n’ai aucune des aptitudes, aucune des connaissances qui conviendraient à la vie des champs, et, si je quittais