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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

sueurs de l’angoisse, et parla ainsi d’une voix entrecoupée :

— Mesdames et messieurs, si j’ai la hardiesse de prendre la parole devant vous, moi le plus incapable de bien dire, c’est parce que la reconnaissance m’en fait un devoir et que je compte sur votre indulgence. Mon langage sera rustique et simple, mais mon cœur parlera. Excusez-moi si ma voix tremble un peu… je ne suis pas habitué… je n’ai jamais… N’importe ! je monte à cette tribune comme un soldat à l’assaut, et je saurai m’y maintenir ferme, puisque c’est le devoir ! Je sais la difficulté qui vous a tous empêchés de me donner l’exemple. Je crois que fort peu d’entre vous ont été en relation avec celui qui repose ici, et je dois vous avouer que, pour ma part, bien que vivant fort près de lui, je ne l’ai jamais vu de près. Telle était sa volonté ; mais j’ai vécu de ses bienfaits autant que de mon propre travail, et j’ai appris dès mon enfance à vénérer et à bénir son nom.

Le chevalier fut interrompu par un ah ! général. Il avait vécu des bienfaits du défunt, disait-il ; il avait