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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

de sa voix donnait je ne sais quelle distinction à la vulgarité de son langage, et, dans la brusquerie de ses mouvements non anguleux, mais un peu carrés, il y avait une douceur intime et comme l’aplomb de la force physique consacrée aux choses saintes de la famille. On voyait bien qu’elle avait manié la serpe du jardinage et peut-être l’aiguillon du bouvier ; mais ses mains étaient pourtant douces comme celles d’une maternelle éleveuse, et, quand elle les passait dans les blonds cheveux de la gentille Marguerite, l’enfant s’inclinait et se roulait sur elle, comme un jeune chat qui ne connaît que les caresses.

La baronne, qui était foncièrement bonne, voulut embrasser aussi mademoiselle de Germandre ; mais, moins délicate que sa fille, elle ne put s’empêcher de lui témoigner de la surprise et de la curiosité.

— Est-ce donc par goût ou par nécessité, lui dit-elle, que vous vous habillez comme au village ?

— C’est pour suivre la coutume de chez nous, répondit Corisande. Le père n’a jamais voulu que la mère changeât rien à son costume, et je trouve qu’il