Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/188

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Germain, après dix minutes d’hésitation, ferma les yeux, recommanda son âme à Dieu et tendit la baguette au hasard. Il toucha le front de la petite Marie, qui jeta le drap loin d’elle en criant victoire. Il eut alors la permission de l’embrasser et, l’enlevant dans ses bras robustes, il la porta au milieu de la chambre et ouvrit avec elle le bal, qui dura jusqu’à deux heures du matin.

Alors on se sépara pour se réunir à huit heures. Comme il y avait un certain nombre de jeunes gens venus des environs, et qu’on n’avait pas des lits pour tout le monde, chaque invitée du village reçut dans son lit deux ou trois compagnes, tandis que les garçons allèrent pèle-mêle s’étendre sur le fourrage du grenier de la métairie. Vous pouvez bien penser que là ils ne dormirent guère, car ils ne songèrent qu’à se lutiner les uns les autres, à échanger des lazzis et à se conter de folles histoires. Dans les noces il y a de rigueur trois nuits blanches, qu’on ne regrette point.

À l’heure marquée pour le départ, après qu’on eut mangé la soupe au lait relevée d’une forte dose de poivre, pour se mettre en appétit, car le repas de noces promettait d’être copieux, on se rassembla dans la cour de la ferme. Notre paroisse étant supprimée, c’est à une demi-lieue de chez nous qu’il fallait aller chercher la bénédiction nuptiale. Il faisait un beau temps frais ; mais les chemins étant fort gâtés, chacun