Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/34

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huit ou dix mille francs de terres, qu’elle vendrait volontiers pour en acheter d’autres dans l’endroit où elle s’établirait ; car elle songe aussi à se remarier, et je sais que, si ton caractère lui convenait, elle ne trouverait pas ta position mauvaise.

— Vous avez donc déjà arrangé tout cela ?

— Oui, sauf votre avis à tous les deux ; et c’est ce qu’il faudrait vous demander l’un à l’autre, en faisant connaissance. Le père de cette femme-là est un peu mon parent et il a été beaucoup mon ami. Tu le connais bien, le père Léonard ?

— Oui, je l’ai vu vous parler dans les foires, et à la dernière, vous avez déjeuné ensemble ; c’est donc de cela qu’il vous entretenait si longuement ?

— Sans doute ; il te regardait vendre tes bêtes et il trouvait que tu t’y prenais bien, que tu étais un garçon de bonne mine, que tu paraissais actif et entendu ; et quand je lui eus dit tout ce que tu es et comme tu te conduis bien avec nous, depuis huit ans que nous vivons et travaillons ensemble, sans avoir jamais eu un mot de chagrin ou de colère, il s’est mis dans la tête de te faire épouser sa fille ; ce qui me convient aussi, je te le confesse, d’après la bonne renommée qu’elle a, d’après l’honnêteté de sa famille et les bonnes affaires où je sais qu’ils sont.

— Je vois, père Maurice, que vous tenez un peu aux bonnes affaires.