Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/73

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— Oui, c’est le talent des enfants qui gardent les bêtes ; mais moi j’ai été toucheur de bœufs aussitôt que j’ai su marcher.

— C’est pour cela que vous êtes plus fort de vos bras qu’adroit de vos mains. Le voilà bâti ce bûcher, vous allez voir s’il ne flambera pas ! Donnez-moi le feu et une poignée de fougère sèche. C’est bien ! soufflez à présent ; vous n’êtes pas poumonique ?

— Non pas que je sache, dit Germain en soufflant comme un soufflet de forge. Au bout d’un instant, la flamme brilla, jeta d’abord une lumière rouge et finit par s’élever en jets bleuâtres sous le feuillage des chênes, luttant contre la brume et séchant peu à peu l’atmosphère à dix pieds à la ronde.

— Maintenant, je vais m’asseoir auprès du petit pour qu’il ne lui tombe pas d’étincelles sur le corps, dit la jeune fille. Vous, mettez du bois et animez le feu, Germain ! nous n’attraperons ici ni fièvre ni rhume, je vous en réponds.

— Ma foi, tu es une fille d’esprit, dit Germain, tu sais faire le feu comme une petite sorcière de nuit. Je me sens tout ranimé et le cœur me revient ; car avec les jambes mouillées jusqu’aux genoux et l’idée de rester comme cela jusqu’au point du jour, j’étais de fort mauvaise humeur tout à l’heure.

— Et quand on est de mauvaise humeur, on ne s’avise de rien, reprit la petite Marie.