Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/94

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chère Catherine n’en avait, il faut en convenir, et on ne s’ennuierait pas avec elle… C’est gai, c’est sage, c’est laborieux, c’est aimant, et c’est drôle. Je ne vois pas ce qu’on pourrait souhaiter de mieux…

Mais qu’ai-je à m’occuper de tout cela ? reprenait Germain, en tâchant de regarder d’un autre côté. Mon beau-père ne voudrait pas en entendre parler, et toute la famille me traiterait de fou ! D’ailleurs, elle-même ne voudrait pas de moi, la pauvre enfant !… Elle me trouve trop vieux : elle me l’a dit… Elle n’est pas intéressée, elle se soucie peu d’avoir encore de la misère et de la peine, de porter de pauvres habits et de souffrir de la faim pendant deux ou trois mois de l’année, pourvu qu’elle contente son cœur un jour et qu’elle puisse se donner à un mari qui lui plaira… elle a raison, elle ! je ferais de même à sa place… et, dès à présent, si je pouvais suivre ma volonté, au lieu de m’embarquer dans un mariage qui ne me sourit pas, je choisirais une fille à mon gré…

Plus Germain cherchait à raisonner et à se calmer, moins il en venait à bout. Il s’en allait à vingt pas de là, se perdre dans le brouillard ; et puis, tout d’un coup, il se retrouvait à genoux à côté des deux enfants endormis. Une fois même il voulut embrasser Petit-Pierre, qui avait un bras passé autour du cou de Marie, et il se trompa si bien que Marie, sentant une haleine chaude comme le feu courir sur ses lèvres, se réveilla