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la petite fadette

et de la belle parole que Landry lui avait donnée.

Cette peur-là rendait Landry tout honteux en lui-même, et à mesure que son chagrin s’était dissipé, il s’était jugé bien simple d’avoir cru voir de la sorcellerie dans ce qui lui était arrivé. Il ne tenait pas pour certaine que la petite Fadette se fût gaussée de lui, mais il sentait bien qu’on pouvait avoir du doute là-dessus, et il ne trouvait pas de bonnes raisons à donner à son père pour lui prouver qu’il avait bien fait de prendre un engagement de si grosse conséquence ; d’un autre côté, il ne voyait pas non plus comment il romprait un pareil engagement, car il avait juré sa foi et il l’avait fait en âme et conscience.

Mais, à son grand étonnement, ni le lendemain de l’affaire, ni dans le mois, ni dans la saison, il n’entendit parler de la petite Fadette à la Bessonnière ni à la Priche. Elle ne se présenta ni chez le père Caillaud pour demander à parler à Landry, ni chez le père Barbeau pour réclamer aucune chose, et lorsque Landry la vit au loin dans les champs, elle n’alla point de son côté et ne parut point