Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
la petite fadette

Allons, pauvre cœur, la nuit on n’est pas si fier que le jour, et je gage que tu n’oses passer l’eau sans moi.

— Ma foi, j’en sors, dit Landry, et j’ai manqué de m’y noyer. Est-ce que tu vas t’y risquer, Fadette ? Tu ne crains pas de perdre le gué ?

— Eh ! pourquoi le perdrais-je ? Mais je vois bien ce qui t’inquiète, répondit la petite Fadette en riant. Allons, donne-moi la main, poltron ; le follet n’est pas si méchant que tu crois, et il ne fait de mal qu’à ceux qui s’en épeurent. J’ai coutume de le voir, moi, et nous nous connaissons.

Là-dessus, avec plus de force que Landry n’eût supposé qu’elle en avait, elle le tira par le bras et l’amena dans le gué en courant et en chantant :

J’ai pris ma cape et mon capet.
Toute fadette a son fadet.

Landry n’était guère plus à son aise dans la société de la petite sorcière que dans celle du follet. Cependant, comme il aimait mieux voir le diable sous l’apparence d’un être de sa propre