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la petite fadette

jolie fille que jamais elle ne lui avait semblé, et l’on eût dit que tout le monde en faisait la remarque, elle mangea vite, se leva de table et dit tout haut : « Voilà les vêpres qui sonnent ; avec qui vais-je danser après ? » Elle s’était tournée du côté de Landry, comptant qu’il dirait bien vite : « Avec moi ! » Mais, avant qu’il eût pu desserrer les dents, d’autres s’étaient offerts, et la Madelon, sans daigner lui envoyer un regard de reproche ou de pitié, s’en alla à vêpres avec ses nouveaux galants.

Du plus vite que les vêpres furent chantées, la Madelon partit avec Pierre Aubardeau, suivie de Jean Aladenise et d’Étienne Alaphilippe, qui tous trois la firent danser l’un après l’autre, car elle n’en pouvait manquer, étant belle fille et non sans avoir. Landry la regardait du coin de l’œil, et la petite Fadette était restée dans l’église, disant de longues prières après les autres ; et elle faisait ainsi tous les dimanches, soit par grande dévotion selon les uns, soit, selon d’autres, pour mieux cacher son jeu avec le diable.

Landry fut bien peiné de voir que la Madelon ne montrait aucun souci à son endroit, qu’elle