pas connaître pour ce que tu es ? on ne parlerait pas mal de toi, et il y en a qui te rendraient justice.
— Je te l’ai bien dit, Landry, reprit-elle. Je n’ai pas besoin de plaire à qui ne me plaît point.
— Mais si tu me le dis à moi, c’est donc que…
Là-dessus Landry s’arrêta, tout étonné de ce qu’il avait manqué de dire ; et, se reprenant :
— C’est donc, fit-il, que tu as plus d’estime pour moi que pour un autre ? Je croyais pourtant que tu me haïssais à cause que je n’ai jamais été bon pour toi.
— C’est possible que je t’aie haï un peu, répondit la petite Fadette ; mais si cela a été, cela n’est plus à partir d’aujourd’hui, et je vas te dire pourquoi, Landry. Je te croyais fier, et tu l’es ; mais tu sais surmonter ta fierté pour faire ton devoir, et tu y as d’autant plus de mérite. Je te croyais ingrat, et, quoique la fierté qu’on t’a enseignée te pousse à l’être, tu es si fidèle à ta parole que rien ne te coûte pour t’acquitter ; enfin, je te croyais poltron, et pour cela j’étais portée à te mépriser ; mais