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la petite fadette

et je sais ce que je suis. Il est beau, riche et considéré ; je suis laide, pauvre et méprisée. Je sais donc très bien qu’il n’est point pour moi, et vous avez dû voir comme il me dédaignait à la fête. Alors, soyez donc satisfaite, puisque celui que la petite Fadette n’ose pas seulement regarder vous voit avec des yeux remplis d’amour. Punissez la petite Fadette en vous moquant d’elle et en lui reprenant celui qu’elle n’oserait vous disputer. Que si ce n’est par amitié pour lui, ce soit au moins pour punir mon insolence ; et promettez-moi, quand il reviendra s’excuser auprès de vous, de le bien recevoir et de lui donner un peu de consolation.

Au lieu d’être apitoyée par tant de soumission et de dévouement, la Madelon se montra très dure, et renvoya la petite Fadette en lui disant toujours que Landry était bien ce qu’il lui fallait, et que, quant à elle, elle le trouvait trop enfant et trop sot. Mais le grand sacrifice que la Fadette avait fait d’elle-même porta son fruit, en dépit des rebuffades de la belle Madelon. Les femmes ont le cœur fait en cette mode, qu’un jeune gars commence à leur paraître un homme sitôt qu’elles le voient estimé et choyé