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la petite fadette

leur de crainte et de plaisir qui enjolive les plus laides ; mais, en même temps, elle s’inquiéta en songeant que la Madelon avait dû répéter ses paroles, et la donner en risée pour l’amour dont elle s’était confessée au sujet de Landry.

— Qu’est-ce que Madelon a donc dit de moi ? demanda-t-elle.

— Elle a dit que j’étais un grand sot, qui ne plaisait à aucune fille, pas même à la petite Fadette ; que la petite Fadette me méprisait, me fuyait, s’était cachée toute la semaine pour ne me point voir, quoique, toute la semaine, j’eusse cherché et couru de tous côtés pour rencontrer la petite Fadette. C’est donc moi qui suis la risée du monde, Fanchon, parce que l’on sait que je t’aime et que tu ne m’aimes point.

— Voilà de méchants propos, répondit la Fadette tout étonnée, car elle n’était pas assez sorcière pour deviner que, dans ce moment-là, Landry était plus fin qu’elle ; je ne croyais pas la Madelon si menteuse et si perfide. Mais il faut lui pardonner cela, Landry, car c’est le dépit qui la fait parler, et le dépit c’est l’amour.

— Peut-être bien, dit Landry, c’est pourquoi