Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
la petite fadette

matin, pour ce que le père Caillaud et son fils aîné, qui tous deux étaient des hommes très sages, n’allant jamais dans les cabarets et ne faisant point noce de tous les jours fériés, avaient coutume de prendre sur eux tout le soin et toute la surveillance de la ferme ces jours-là ; afin, disaient-ils, que toute la jeunesse de la maison, qui travaillait plus qu’eux dans la semaine, pût s’ébattre et se divertir en liberté, selon l’ordonnance du bon Dieu.

Et durant l’hiver, où les nuits sont si froides qu’on pourrait difficilement causer d’amour en pleins champs, il y avait pour Landry et la petite Fadette un bon refuge dans la tour à Jacot, qui est un ancien colombier de redevance, abandonné des pigeons depuis longues années, mais qui est bien couvert et bien fermé, et qui dépend de la ferme au père Caillaud. Mêmement il s’en servait pour y serrer le surplus de ses denrées, et comme Landry en avait la clef, et qu’il est situé sur les confins des terres de la Priche, non loin du gué des Roulettes, et dans le milieu d’une luzernière bien close, le diable eût été fin s’il eût été surprendre là les entretiens de ces deux jeunes