Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
la petite fadette

mensonges qu’on fait à présent tomberont d’eux-mêmes. Ton père et ta mère verront bien que je suis sage et que je ne veux pas te débaucher ni te tirer de l’argent. Ils rendront justice à l’honnêteté de mon amitié, et nous pourrons nous voir et nous parler sans nous cacher de personne ; mais en attendant, il faut que tu obéisses à ton père, qui, j’en suis certaine, va te défendre de me fréquenter.

— Jamais je n’aurai ce courage-là, dit Landry, j’aimerais mieux me jeter dans la rivière.

— Eh bien ! si tu ne l’as pas, je l’aurai pour toi, dit la petite Fadette ; je m’en irai, moi, je quitterai le pays pour un peu de temps. Il y a déjà deux mois qu’on m’offre une bonne place en ville. Voilà ma grand’mère si sourde et si âgée, qu’elle ne s’occupe presque plus de faire et de vendre ses drogues, et qu’elle ne peut plus donner ses consultations. Elle a une parente très bonne, qui lui offre de venir demeurer avec elle, et qui la soignera bien, ainsi que mon pauvre sauteriot…

La petite Fadette eut la voix coupée, un moment, par l’idée de quitter cet enfant, qui