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la petite fadette

venue enceinte et n’y avait point fait d’enfant, mais encore qu’elle s’y était si bien comportée qu’il n’y avait point le plus petit blâme à lui donner. Elle avait servi une vieille religieuse noble, laquelle avait pris plaisir à en faire sa société plus que sa domestique, tant elle l’avait trouvée de bonne conduite, de bonnes mœurs et de bon raisonnement. Elle la regrettait beaucoup, et disait que c’était une parfaite chrétienne, courageuse, économe, propre, soigneuse, et d’un si aimable caractère, qu’elle n’en retrouverait jamais une pareille. Et comme cette vieille dame était assez riche, elle faisait de grandes charités, en quoi la petite Fadette la secondait merveilleusement pour soigner les malades, préparer les médicaments, et s’instruire de plusieurs beaux secrets que sa maîtresse avait appris dans son couvent, avant la révolution.

Le père Barbeau fut bien content, et il revint à la Cosse, décidé à éclaircir la chose jusqu’au bout. Il assembla sa famille et chargea ses enfants aînés, ses frères et toutes ses parentes, de procéder prudemment à une enquête sur la conduite que la petite Fadette avait tenue