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la petite fadette

depuis qu’elle était en âge de raison, afin que, si tout le mal qu’on avait dit d’elle n’avait pour cause que des enfantillages, on pût s’en moquer ; au lieu que si quelqu’un pouvait affirmer l’avoir vue commettre une mauvaise action ou faire une chose indécente, il eût à maintenir contre elle la défense qu’il avait faite à Landry de la fréquenter. L’enquête fut faite avec la prudence qu’il souhaitait, et sans que la question de dot fût ébruitée, car il n’en avait dit mot, même à sa femme.

Pendant ce temps-là, la petite Fadette vivait très retirée dans sa petite maison, où elle ne voulut rien changer, sinon de la tenir si propre qu’on se fût miré dans ses pauvres meubles. Elle fit habiller proprement son petit sauteriot, et, sans le faire paraître, elle le mit, ainsi qu’elle-même et sa marraine, à une bonne nourriture, qui fit vitement son effet sur l’enfant ; il se refit du mieux qu’il était possible, et sa santé fut bientôt aussi bonne qu’on pouvait le souhaiter. Le bonheur amenda vite aussi son tempérament ; et, n’étant plus menacé et tancé par sa grand-mère, ne rencontrant plus que des caresses, des paroles