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la petite fadette

Sylvinet ; mais quant à ma malice, c’est un reproche que je ne crois point mériter.

— N’essayez pas de vous défendre, répondit la petite Fadette ; je vous connais un peu mieux que vous ne vous connaissez vous-même, Sylvain, et je vous dis que la faiblesse engendre la fausseté ; et c’est pour cela que vous êtes égoïste et ingrat.

— Si vous pensez si mal de moi, Fanchon Fadet, c’est sans doute que mon frère Landry m’a bien maltraité dans ses paroles, et qu’il vous a fait voir le peu d’amitié qu’il me portait, car, si vous me connaissez ou croyez me connaître, ce ne peut être que par lui.

— Voilà où je vous attendais, Sylvain. Je savais bien que vous ne diriez pas trois paroles sans vous plaindre de votre besson et sans l’accuser ; car l’amitié que vous avez pour lui, pour être trop folle et désordonnée, tend à se changer en dépit et en rancune. À cela je connais que vous êtes à moitié fou, et que vous n’êtes point bon. Eh bien ! je vous dis, moi, que Landry vous aime dix mille fois plus que vous ne l’aimez, à preuve qu’il ne vous reproche jamais rien, quelque chose que vous