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la petite fadette

consulter, et elle avait sur lui tant d’empire qu’il semblait la regarder comme sa sœur. Il n’était plus malade, et de jalousie il n’en était plus question. Si quelquefois encore il paraissait triste et en train de rêvasser, la Fadette le réprimandait, et tout aussitôt il devenait souriant et communicatif.

Les deux mariages eurent lieu le même jour et à la même messe, et, comme le moyen ne manquait pas, on fit de si belles noces que le père Caillaud, qui, de sa vie, n’avait perdu son sang-froid, fit mine d’être un peu gris le troisième jour. Rien ne corrompit la joie de Landry et de toute la famille, et mêmement on pourrait dire de tout le pays ; car les deux familles, qui étaient riches, et la petite Fadette, qui l’était autant que les Barbeau et les Caillaud tout ensemble, firent à tout le monde de grandes honnêtetés et de grandes charités. Fanchon avait le cœur trop bon pour ne pas souhaiter de rendre le bien pour le mal à tous ceux qui l’avaient mal jugée. Mêmement par la suite, quand Landry eut acheté un beau bien qu’il gouvernait on ne peut mieux par son savoir et celui de sa femme, elle y fit bâtir une jolie