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la petite fadette

crois bien que j’en sais aussi long que notre Fadette.

— Il serait bien temps de me le dire, à moi ! reprit le père Barbeau.

— Eh bien, répliqua la mère Barbeau, notre Fanchon est trop grande charmeuse, et tellement qu’elle avait charmé Sylvinet plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Quand elle vit que le charme opérait si fort, elle eût voulu le retenir ou l’amoindrir ; mais elle ne le put, et notre Sylvain, voyant qu’il pensait trop à la femme de son frère, est parti par grand honneur et grande vertu, en quoi la Fanchon l’a soutenu et approuvé.

— Si c’est ainsi, dit le père Barbeau en se grattant l’oreille, j’ai bien peur qu’il ne se marie jamais, car la Baigneuse de Clavières a dit, dans les temps, que lorsqu’il serait épris d’une femme, il ne serait plus si affolé de son frère ; mais qu’il n’en aimerait jamais qu’une en sa vie, parce qu’il avait le cœur trop sensible et trop passionné.

fin




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