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la petite fadette

pour s’émerveiller de leur retirance, et chacun s’en allait disant : « C’est tout de même une jolie paire de gars. »

Cela fut cause que, de bonne heure, les bessons s’accoutumèrent à être examinés et questionnés, et à ne point devenir honteux et sots en grandissant. Ils étaient à leur aise avec tout le monde, et, au lieu de se cacher derrière les buissons, comme font les enfants de chez nous quand ils aperçoivent un étranger, ils affrontaient le premier venu, mais toujours très honnêtement, et répondaient à tout ce qu’on leur demandait, sans baisser la tête et sans se faire prier. Au premier moment, on ne faisait point entre eux de différence et on croyait voir un œuf et un œuf. Mais, quand on les avait observés un quart d’heure, on voyait que Landry était une miette plus grand et plus fort, qu’il avait le cheveu un peu plus épais, le nez plus fort et l’œil plus vif. Il avait aussi le front plus large et l’air plus décidé, et mêmement un signe que son frère avait à la joue droite, il l’avait à la joue gauche et beaucoup plus marqué. Les gens de l’endroit les reconnaissaient donc bien ; mais cependant