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la petite fadette

comptait que la raison leur viendrait, se trouvèrent-ils plus effrayés de la volonté paternelle qu’ils ne l’eussent été par menaces et châtiments.

— Il faudra pourtant bien nous y ranger, dit Landry, et c’est à savoir lequel de nous s’en ira ; car on nous a laissé le choix, et le père Caillaud a dit qu’il ne pouvait pas nous prendre tous les deux.

— Qu’est-ce que ça me fait que je parte ou que je reste, dit Sylvinet, puisqu’il faut que nous nous quittions ? Je ne pense seulement pas à l’affaire d’aller vivre ailleurs ; si j’y allais avec toi, je me désaccoutumerais bien de la maison.

— Ça se dit comme ça, reprit Landry, et pourtant celui qui restera avec nos parents aura plus de consolation et moins d’ennui que celui qui ne verra plus ni son besson, ni son père, ni sa mère, ni son jardin, ni ses bêtes, ni tout ce qui a coutume de lui faire plaisir.

Landry disait cela d’un air assez résolu ; mais Sylvinet se remit à pleurer ; car il n’avait pas autant de résolution que son frère, et l’idée