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la petite fadette

on connaît sa main, il ne se pouvait faire qu’il n’y eût toujours quelque petit changement. Toute la rive droite était gazonnée, et mêmement, dans tout le fond de la coupure, le jonc et la prêle avaient poussé si dru dans le sable, qu’on ne pouvait voir un coin grand comme le pied pour y chercher une empreinte. Cependant, à force de tourner et de retourner, Landry trouva dans un fond la piste du chien, et même un endroit d’herbes foulées, comme si Finot ou tout autre chien de sa taille s’y fût couché en rond.

Cela lui donna bien à penser, et il alla encore examiner la berge de l’eau. Il s’imagina trouver une déchirure toute fraîche, comme si une personne l’avait faite avec son pied en sautant, ou se laissant glisser, et quoique la chose ne fût point claire, car ce pouvait tout aussi bien être l’ouvrage d’un de ces gros rats d’eau qui fourragent, creusent et rongent en pareils endroits, il se mit si fort en peine, que ses jambes lui manquaient, et qu’il se jeta sur ses genoux, comme pour se recommander à Dieu.

Il resta comme cela un peu de temps, n’ayant ni force ni courage pour aller dire à quelqu’un ce dont il était si fort angoissé, et regardant