Page:Sand - La Ville noire.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
la ville noire.

— Mais pourquoi ne vous voit-on plus ? dit Tonine, vous oubliez donc votre vieux parrain et tous vos amis ?

— Je n’oublie personne ; mais vous savez… l’œil du maître… Chaque fois que je m’absente, je trouve le désarroi au retour.

Et après plusieurs défaites il promit d’aller passer un de ces dimanches à la Ville Noire ; mais quand Gaucher l’invita à venir manger avec lui le dimanche suivant, il ne voulut s’engager à rien, disant : — Je tâcherai, mais ne m’attendez pas.

— Tiens, vois-tu, dit Tonine à Lise en revenant à la Ville Noire : c’est fini de ce pauvre garçon-là !

— Comment, tu crois qu’il va mourir ?

— Je crois qu’il est mort à l’amitié et qu’il ne vivra plus que pour l’intérêt. Le voilà qui, à vingt-cinq ans, tourne au calcul comme s’il en avait cinquante.

— Peut-être que son commerce va mal et qu’il ne veut pas l’avouer, dit Gaucher.

— Je pensais, reprit Tonine, que nous lui avions montré assez d’amitié, en pareille circonstance,