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la ville noire.

mentait du chagrin qu’elle risquait de lui causer. Tonine était bonne, et surtout bonne pour lui, prête à sacrifier tout ce qui pouvait, tout ce qui devait lui plaire dans l’offre d’Anthime plutôt que de briser le cœur d’un ami coupable et malheureux. Il voyait bien qu’il n’avait qu’un mot à dire pour qu’elle renonçât à ce bel établissement, à la vie de dame charitable pour laquelle elle semblait réellement être née, aux plaisirs innocents qui seuls pouvaient éveiller sa convoitise, à la petite maison reflétée dans l’eau tranquille sous les aunes et les saules pleureurs, au camélia panaché de rose et de blanc, au droit de porter un chapeau, et de s’en affranchir par raffinement de goût et de fierté plébéienne. Sept-Épées voyait clair dans tout cela. Tonine ne l’aimait point avec passion, puisqu’elle ne voulait pas être sa femme ; mais elle avait l’amitié si généreuse, et tant de souvenirs l’attachaient à lui, qu’elle ne pouvait être heureuse s’il n’était heureux de son côté.

Ceci bien prouvé, Sept-Épées, après beaucoup de luttes contre lui-même, comprit son devoir. — Il ne