Page:Sand - La Ville noire.djvu/231

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pris un caractère plus mâle, et cependant elle était plus douce. Elle exprimait la force qui se connaît et qui se domine elle-même. Il avait aussi l’œil plus intelligent qu’autrefois. On sentait que cet œil-là avait vu beaucoup de choses que le cerveau avait comprises, et qu’il avait des larmes qui venaient de l’âme encore plus que de la sensation.

Quant à Tonine, elle n’avait jamais été précisément belle avant le départ de Sept-Épées, et elle l’était maintenant. Elle avait perdu sa pâleur, et les contours de ses joues et de sa personne avaient pris un peu plus de rondeur sans perdre de leur finesse. Elle était habillée à peu près comme autrefois. Cependant une jupe plus ample, des cheveux plus bouffants, quelque chose qu’on ne pouvait pas préciser, mais qui se sentait dans tout, lui donnait plus que jamais son air de princesse.

— On t’a trompé, mon ami, dit-elle à Sept-Épées, je n’ai jamais été malade ni dans la misère. C’est Lise qui a inventé tout cela pour te faire revenir, et je ne l’en ai pas empêchée. Me pardonnes-tu ?