Page:Sand - La Ville noire.djvu/232

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— Ah ! Tonine, je t’en remercie ! Tu n’as pas douté de mon retour ; mais pourquoi donc, mon Dieu, ne m’avoir pas fait revenir plus tôt ?

— Et toi, pourquoi n’es-tu pas revenu quand je t’ai écrit que je n’épouserais pas le docteur Anthime ?

— Tu m’as écrit cela, Tonine ?

— Oui, trois jours après ton départ, c’est-à-dire aussitôt que je t’ai su parti.

— Et moi, je n’ai pas reçu la lettre ! Ah ! malheureux que je suis ! Avoir tant souffert, t’avoir perdue si longtemps, quand je pouvais être heureux tout de suite !

— Ne regrette rien, je ne t’aurais pas épousé tout de suite, et peut-être, qui sait ? je n’aurais pas repris confiance en toi de si tôt. Nous ne nous comprenions pas, vois-tu, dans ce moment-là, nous ne pouvions pas nous comprendre. Tu avais trop de choses dans la tête, et moi je ne voyais pas bien clair non plus dans la mienne. J’avais aussi mes jours d’ambition ; j’aurais voulu être à même de faire beaucoup de bien, et ton dépit ne me semblait pas de la véritable amitié. Je me confesse à toi, Sept-Épées.