Page:Sand - La Ville noire.djvu/251

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— Au dessert ! au dessert ! dit le parrain, qui ne goûtait pas toujours la poésie de son camarade de jeunesse ; nous avons à parler d’affaires sérieuses. Voyons, filleul, que dis-tu de ce qui t’arrive ?

— Je dis que je suis heureux, parce que j’épouse Tonine, que j’ai toujours aimée, répondit Sept-Épées, voilà tout ce que je dis !… Qu’elle soit riche ou pauvre, peu importe, c’est elle ! ce n’est pas son nouveau rang et sa nouvelle fortune qui l’ont faite ce qu’elle est !

— C’est bien pensé, dit le docteur ; mais permettez-moi de vous dire que la richesse, car vous voilà tous deux très-riches en comparaison de ce que vous étiez, ajoutera beaucoup à votre bonheur, si vous l’entendez comme l’entend la généreuse Tonine.

— Qu’elle me le dise vite, car je ne veux pas, je ne peux pas avoir jamais d’autre idée que la sienne. Parle, ma chère Tonine, je vois bien que la fortune n’est pas toujours aveugle, comme on le prétend, puisqu’elle s’est donnée à toi ; mais je ne serais pas digne de partager ton sort, si je ne partageais pas tes sentiments.