Page:Sand - La Ville noire.djvu/268

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tête et le peuple en queue, qui descendaient vers la rivière.

On savait bien, à la ville haute, qu’il se faisait un beau mariage à la ville basse, et Tonine avait, de la base au sommet de la montagne, la réputation d’une sainte et douce fille. Le testament de Molino avait fait assez de bruit pour la mettre en évidence. Personne n’eût pourtant songé à blesser sa modestie bien connue par une ovation ; mais, quand on vit, en ce jour de fête, les tourbillons de fumée de l’usine, et que l’on entendit le bruit des marteaux, on s’étonna beaucoup, et l’on vint sur les terrasses voir de quoi il s’agissait. On ne put saisir les paroles de la cantate, mais les sons de la voix de Saverio et la pantomime d’Audebert firent comprendre ce qui se passait. C’est pourquoi l’on s’entendit pour aller prendre part à cette joie populaire, et, comme la cantate fut longue, on eut tout le temps d’organiser l’amicale visite.

En ce jour-là, on vit donc, sur la pelouse qui bordait un des côtés du bassin, et qui était comme le péristyle entre le ravin et la plaine, les deux villes