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la ville noire.

après ce que j’ai vu si près de moi ! Je ne prétends pas qu’il soit impossible à un enrichi de se bien conduire dans son ménage ; mais je crois une chose : c’est qu’il est très-difficile à un bourgeois de se contenter toujours d’une fille d’ouvrier. Nous sommes trop simples, nous ne savons pas causer ni porter le chapeau. Les dames nous trouvent gauches et se moquent de nous. Moi aussi je suis fière, c’est mon défaut ; je veux épouser mon pareil, et jamais un compagnon qui pense à la ville haute ne sera mon mari. Voilà tout ce que j’avais à dire ; vous voyez, Sept-Épées, qu’il n’y a pas de quoi vous offenser. Chacun a son goût et sa volonté, je vous prie de ne pas m’en vouloir et de ne plus songer à moi.

Là-dessus, la Tonine se retira, quelque chose que pût lui dire Gaucher. Lise, qui était venue s’asseoir sur le banc, voulait aussi la retenir, car elle croyait avoir deviné qu’au fond du cœur sa cousine aimait le beau compagnon ; mais tout fut inutile. Tonine voyait bien que Sept-Épées la retenait faiblement et craignait qu’elle ne se ravisât.

— Allons ! dit Gaucher quand elle fut partie, c’est