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la ville noire.

nière à ce que Gaucher n’ait point eu de reproches à me faire. Il s’imagine que c’est elle qui me refuse, tandis que si j’avais été forcé d’avouer la vérité, nous serions mortellement brouillés à cette heure ! Oui, oui, la Tonine a de l’esprit, de la prudence et un cœur généreux ! »

Et, tout en pensant à la conduite de Tonine, Sept-Épées se mit à la regretter et à se dire que la plus grande sottise qu’il eût faite n’était peut-être pas de l’avoir courtisée sans réflexion, mais d’avoir renoncé à elle après avoir trop réfléchi. Et puis, grâce à l’inconséquence à laquelle ne peut échapper une âme fière lorsqu’elle s’est laissé dominer par un moment de mauvaise foi, le jeune armurier se trouvait tout à coup blessé de l’espèce de dédain caché au fond du prétendu refus de Tonine. — Et si c’était un refus bien réel et bien volontaire ! Si tout de bon elle le comparaît à son beau-frère et le jugeait capable d’une conduite indigne ! — Voilà où elle serait injuste et folle, se disait-il avec inquiétude. Non ! il n’est pas possible qu’elle me confonde avec un être égoïste et grossier comme ce Molino ! Quand